LES PAILLETTES DE SPERME POUR LES CHIENS.
Le sperme maintenu à température ambiante ne conserve que quelques heures son pouvoir fécondant. Une réfrigération à +4°C lui permet d'être encore fécondant durant plusieurs jours. Il faut alors soigneusement lui ajouter un dilueur spécifique, qui possède un pouvoir protecteur contre le choc thermique et les contaminations bactériennes.
Les premiers dilueurs à avoir permis l'obtention d'une fécondation à distance chez la chienne ont été réalisés avec du lait écrémé stérilisé et des antibiotiques ; certains vétérinaires les utilisent encore avec succès, mais le pouvoir fécondant du sperme n'est maintenu que pendant quelques jours, non sans une diminution très rapide. Des dilueurs plus élaborés et mieux adaptés aux caractéristiques du sperme canin permettent une conservation plus longue.
Les vétérinaires peuvent s'en procurer auprès du CERREC par exemple.
Néanmoins, il reste toujours préférable, afin d'optimiser les chances de réussite de l'insémination, d'utiliser le sperme réfrigéré dans les quarante-huit heures qui suivent la récolte et son conditionnement.
Lors de la récolte de la semence, les différentes phases sont soigneusement séparées, afin d'obtenir la fraction épididymaire contenant l'essentiel des spermatozoïdes la plus pure possible. La dilution intervient immédiatement après la récolte du sperme, à température ambiante, et de façon progressive, afin d'éviter un choc thermique sur les spermatozoïdes. Le mélange est alors réfrigéré à +4°C pendant quarante-cinq minutes avant d'être conditionné pour l'expédition. L'envoi est réalisé par courrier ultra-rapide (type Chronopost ®) ou par avion dans un récipient isotherme (type bouteille de Thermos ®).
Les principes sont similaires pour la semence congelée, mais les dilueurs utilisés et les étapes de la congélation varient sensiblement. Le conditionnement du sperme congelé est habituellement constitué par des paillettes d'un volume de 0,25ml ou de 0,50ml - plusieurs paillettes sont nécessaires pour obtenir une "dose inséminante" suffisante - parfois, le sperme est congelé en pastilles dont l'utilisation (décongélation notamment) est cependant plus délicate. La semence congelée est finalement conservée dans l'azote liquide, à moins 196°C. En France, seuls deux centres sont actuellement habilités à conditionner et stocker de la semence canine congelée
POUR BIEN SEMER
Avant utilisation, le ou les tubes contenant le sperme réfrigéré doivent être laissés au moins trente minutes à température ambiante pour réchauffement. Une goutte du mélange est examinée à l'aide d'un microscope muni d'une platine chauffante afin de déterminer le pourcentage de spermatozoïdes mobiles, et de comparer celui-ci avec la mobilité initiale indiquée par le vétérinaire qui a récolté et conditionné la semence : la baisse de mobilité ne devra bien évidemment pas être excessive. La semence est alors inséminée par voie intra-vaginale à l'aide d'une sonde classique : les résultats obtenus sont généralement équivalents à ceux d'une saillie naturelle.
L'utilisation de la semence conditionnée en paillettes suppose l'utilisation d'un bain-marie d'eau tiède à 37°C : la décongélation est obtenue en dix secondes, mais il est souvent conseillé e laisser tremper les paillettes quarante-cinq secondes à une minute afin de réchauffer le dilueur et de faciliter la lecture de la mobilité initiale après décongélation. Les paillettes sont essuyées une à une et leur identité est vérifiée individuellement, le code d'identification étant systématiquement porté sur les paillettes par le centre expéditeur. La mobilité est alors contrôlée de la même façon que précédemment : en raison de leur faible durée de survie une fois décongelées, seules les semences montrant plus de 50% de spermatozoïdes mobiles après décongélation peuvent être raisonnablement considérées comme acceptables.
Les techniques d'insémination utilisées en semence congelée sont plus sophistiquées et consistent le plus souvent à déposer la semence directement dans l'utérus de la chienne, selon des méthodes que seuls des vétérinaires spécialement formés maîtrisent (Cf. Encadré). Les résultats obtenus dans le monde restent cependant légèrement inférieurs à ceux obtenus avec une insémination en semence fraîche ou réfrigérée : 50 à 70% de réussite.
INSÉMINATION INTRA-UTÉRINE : TECHNIQUES ET INTÉRÊTS
Les vétérinaires réalisant régulièrement des inséminations artificielles en semence congelée ce sont rendu compte que les résultats étaient sensiblement améliorés quand la semence était directement déposée dans l'utérus, au lieu d'être simplement inséminée au fond du vagin comme à l'habitude. Le taux de fertilité est ainsi augmenté d'environ 15 à 20%, et la prolificité est amélioré de plus d'un chiot par portée.
Dans certains pays comme l'Allemagne ou les États-Unis, l'insémination intra-utérine est réalisée par laparotomie ou laparoscopie : une petite incision est pratiquée, sous anesthésie générale, au niveau du ventre de la chienne à inséminer, et la semence est directement déposée dans les cornes utérines. Une telle méthode est lourde, et relativement dissuasive. Les techniques d'insémination par endoscopie vaginale développées en Australie nécessitent, quant à elles, l'utilisation d'un matériel spécifique particulièrement coûteux.
Les Scandinaves ont mis a point une autre technique d'insémination artificielle intra-utérine. Elle consiste à passer une sonde métallique du travers du col de l'utérus, en passant par le vagin de la chienne. C'est indolore et il est inutile d'anesthésier la femelle, tout au plus est-elle parfois légèrement tranquillisée. En revanche, il faut à l'opérateur une dextérité suffisante pour franchir le col de l'utérus qui, chez la chienne, est oblique et peu accessible. Une bonne expérience technique est nécessaire, souvent fatigante dans le cas d'une chienne de grand format ou particulièrement grasse.
Comme dans l'espèce humaine, où elle est pratiquée dans certains cas d'infertilité masculine liée à une mauvaise qualité de la semence, l'insémination artificielle intra-utérine permet également d'envisager l'utilisation d'un sperme canin de moindre qualité en optimisant les chance de résultat. L'intérêt de cette technique est aussi de pouvoir utiliser des chiens âgés, lorsque leur semence est devenue beaucoup moins fécondante, et que les saillies naturelles deviennent aléatoires ; il est alors possible d'allonger la carrière reproductrice de ces étalons.
IDENTITÉ GARANTIE
Mais pour que les chiots nés par insémination avec de la semence congelée ou réfrigérée puissent être inscrit au Livre des Origines français, il faut que le prélèvement et l'insémination aient été réalisés par un vétérinaire ayant suivi une formation agréée par la Société Centrale Canine. Une telle formation est nécessaire aux praticiens pour connaître et employer ces techniques de façon optimale. Dans l'Hexagone, plus de trois cent vétérinaires ont suivi cette formation.
Le vétérinaire qui récolte le mâle (semence réfrigérée) rédige un certificat qui sera joint au certificat de saillie, dans lequel il s'engage à avoir vérifié l'identité du donneur (numéro de tatouage). Quant au vétérinaire qui insémine la chienne (semence réfrigérée ou congelée), il précise au dos du certificat de saillie "insémination réalisée en semence réfrigérée/congelée le...." et y appose son tampon et sa signature.
Les différentes techniques d'insémination artificielle offertes au public cynophile sont désormais bien maîtrisées : les résultats obtenus sont, pour l'insémination en semence fraîche et l'insémination en semence réfrigérée, largement équivalents à ceux que l'on obtient avec une saillie naturelle. Il convient den e pas oublier que le suivi des chaleurs doit être toujours scrupuleusement réalisé : il constitue le facteur numéro un de la réussite de cette entreprise. Grâce à une bonne maîtrise de ces différents aspects techniques, on peut affirmer que l'insémination artificielle est réellement un outil quotidien de l'élevage canin.